Une colonie de Hugh Howey

Actes Sud, 293 pages, 2020 (2010 VO), Science-fiction

Déjà il faut savoir que ce genre d’intrigue sur les sociétés coupées de tout et dysfonctionnelles n’est vraiment pas ce que j’aime lire en SF en temps normal. Et évidemment je ne savais pas que ce livre parlerait de ça (oui, malgré le titre) vu que je ne lis jamais les 4ième de couvertures.

Mais contrairement aux derniers que j’ai lu dans le genre qui m’avaient brossé à rebrousse poil et donc ne m’avaient pas vraiment plu, celui ci a bien marché.

L’intrigue est la suivante : De nombreux vaisseaux « colonie » sont envoyés par les grandes puissances dans l’espace, la ou il y a possibilité de vie. Chaque vaisseau contient 500 embryons et de quoi les faire grandir artificiellement jusqu’à 30 ans dans un monde virtuel ou ils apprennent leur futur spécialité. Quand le vaisseau arrive proche de la planète choisie, il déclenche la séquence ou chaque embryon va grandir et devenir adulte. L’AI en profite pour tester la viabilité de l’ensemble et préparer le terrain avec des robots.

Mais les calculs pour décider d’ou les envoyer au départ ne sont pas très surs. En fait on estime qu’il y a 50% de chance que la planète en question ne soit pas viable. Que faire alors? Pas question de les laisser comme ça seuls dans l’espace. Sans même parler des dangers d’être récupéré par un concurrent, car les technologies sont hyper protégées.

On donne donc à l’AI du vaisseau un possibilité d’avortement.
A tout moment pendant les 30 années en cuve virtuelle ou sont élevés les colons, si les calculs qu’elle fait lui disent que la vie ne sera pas possible – ou pas rentable – sur la planète, elle peut s’auto détruire.

Mais voila. Que se passe-t-il quand il y a un bug dans la matrice, si l’AI n’arrive pas à décider de la viabilité de l’ensemble? Si la pièce qu’on lance des milliers de fois fini par retomber sur la tranche au lieu de pile ou face?

C’est ainsi que les colons de cette histoire se retrouvent expulsés de leur cuve bien avant la fin des 30 années prévues. En catastrophe alors qu’un incendie est en cours suite à une violente explosion, l’Ai a finalement annulé sa séance d’avortement et décidé de sauver ce qui pouvait encore l’être.
Tous ne survivrons pas, car la séance d’avortement a été annulée en plein milieu. La grande majorité de ceux destinés aux postes les plus élevés et les plus nécessaires ont été vaporisés les premiers, et ils ne sont plus que 60 à être en vie.

Nus, seuls, sans avoir terminé leur formation, sans s’être jamais rencontré avant, sans pouvoir profiter des installations en dure qui n’ont pas encore été construites, ils sont totalement perdus.
En plus l’AI qui aurait du les guider semble totalement dépassée. Elle est focalisée sur le fait de construire une fusée et met de coté tout le reste.

Voila donc la situation dans laquelle ils sont.
Nous suivons un jeune homme qui aurait du devenir le psychologue de la colonie, associée à une des maîtresses d’école et d’un fermier, ils vont essayer de survivre dans la société qui va se construire à la suite de ces événements …

J’ai vu que dans la sphère anglo-saxonne ce livre était des fois classé Young Adult. D’un coté je comprend car tout les protagonistes ont 15 ans, et qu’évidemment on a les thèmes classiques de ces ages la. Mais finalement je dirais que pour moi ça n’est pas vraiment du YA. Enfin pas le YA tel que je me l’imagine avec des personnages ados rebelles qui se cherchent dans la vie (surtout niveau premier amour) comme dans 95% des publications du genre.

Ici les personnages sont tous nés à cet age la. Ils n’ont pas eu d’enfance, ils n’ont pas eu les phases classique d’un humain qui grandit. Du coup c’est normal qu’ils n’aient pas les même façon d’être et de réagir.

Je pense que même si ils étaient nés adultes ils auraient eu le même type de réactions au final. Ça n’aurait rien changé.
Du coup en dehors de certains questionnements qui peuvent sembler un peu naïf (et qui sont normaux quand on a eu une éducation contrôlée à 100% par un programme qui n’inclut pas tout ce qu’on pourrait expérimenter soi même) finalement j’avais plus l’impression de lire un mélange d’adulte (pour les connaissances) et d’enfant (pour la découverte du corps) dans des corps d’ado.

Par exemple le héros ne comprend pas ses réactions, car dans tout ce qu’on lui a toujours appris (je rappelle qu’il était censé être le psychologue de la colonie) il a toujours exclusivement vu un homme avec une femme. Et du coup il ne comprend pas initialement comment c’est possible que lui soit attiré par les hommes.
En gros il n’avait jamais eu l’occasion de faire connaissance avec son corps avant leur naissance, et la façon dont celui ci réagis le surprend beaucoup.

Bref, on peut dire j’ai bien apprécié l’ensemble. J’étais prise dans leur aventure. Le mélange entre la découverte de soi et de ses possibilités des personnages et la découverte d’un monde extraterrestre tellement différent de ce qu’on connait a bien fonctionné.

Au final j’ai trouvé l’ensemble bien équilibré.
On a d’un coté la société qui part dans une direction totalitaire mais qui était bien amenée ici (*regarde en coin vers Pyramides*) et qui m’a semblé logique vu les personnages et la façon dont on les a conditionné toute leur vie dans ce but de suivre les instructions de l’AI. Et comme je l’ai déjà dit le coté découverte d’une faune et d’une flore extraterrestres.

Aucun des trois sujets principaux ne prend vraiment le dessus sur l’autre. Tous se répondent et se lient de façon intéressante qui a su me faire tenir jusqu’au bout.

Après je ne dirais pas que ce livre est un thriller ou un page turner. Certes il y a quelques passages bien prenants mais dans l’ensemble en général on est plus dans l’aventure que dans l’action pure et on a pas mal de recul et de réflexion sur l’ensemble.

Ce n’est pas non plus un livre « waou » que je retiendrais pendant des années, mais il a quand même totalement fait son boulot : me faire passer un bon moment avec ses personnages et me faire entrer dans son univers pour un moment « d’ailleurs » très dépaysant.

J’en ressort très satisfaite !





Livre reçu dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio que je remercie. Merci également à l’éditeur, Actes Sud.

6 commentaires sur “Une colonie de Hugh Howey

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  1. Moi qui hésitais après ma déception de ne pas avoir adhéré au concept de Silo, je pense que ce titre est bien plus fait pour moi. Le sujet m’intéresse plus et ce que tu racontes sur les personnages prouve pour moi que l’auteur a vraiment réfléchit à ce qu’il voulait proposer pour que ce soit le plus réaliste possible en quelque sorte. Bref, je sens que je vais adhérer cette fois ^-^

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