L’Empire du Léopard de Emmanuel Chastellière

De la fantasy française dans un contexte inspiré de la colonisation de l’Amérique du sud, très original. J’ai trouvé que ce livre avait de nombreuses qualités, mais aussi de nombreux petits défauts.
Mais ça ne m’a pas empêché de passer un bon moment, heureusement.

Malheureusement pour moi, ces défauts ont été amplifiés par la manière dont j’ai lu ce livre, différente de mes habitudes. En effet j’ai lu ce livre dans le cadre d’une lecture commune et nous voulions garder le même rythme pour pouvoir en discuter chaque soir. Il a donc été décidé de ne lire que 50 pages par jour.

C’est ainsi que la première semaine de lecture a été très morne, car c’est clairement l’exposition du roman et celle ci prend énormément de temps. C’est le premier reproche. Il a fallu dépasser la page 400 pour que l’intrigue commence enfin ! Chaque soir une même constatation : « il ne c’est rien passé de plus, nous n’avons rien à en dire. En fait on s’ennuie un peu à la longue ».

Je pense que cette semaine d’attente interminable a été trop longue pour moi et m’a empêché de m’attacher aux personnages. (normalement je termine un livre en 2-3 jours, et si c’est plus j’ai tendance à m’en désintéresser si ça n’avance pas) Du coup j’ai pris du recul et j’étais plus dans l’analyse froide que dans l’émotionnel les concernant.

Je pense donc aussi que si j’avais lu ce livre dans un rythme normal ça m’aurais bien moins dérangé car je suis une amatrice de fantasy à l’ancienne, donc les livres qui prennent leur temps ne me dérangent en général pas du tout. Même au contraire, en temps normal je préfère les livre lents qui exposent bien leur monde, c’est encore mieux si c’est une série en un maximum de tomes.

Du coup je ne compte pas ça comme un vrai défaut, plus comme une mauvaise expérience de lecture due à de conditions défavorables.

*****

Mais revenons à nos moutons, de quoi parle ce livre?
Le royaume du Coronado sort d’une longue campagne dans laquelle il a conquis la péninsule de la Lune d’Or. Toute? Non, car l’empire du Leopard lui résiste encore, caché dans ses montagnes inaccessibles. Le colonel Cérès Orkatz est l’une de responsable de cette grande victoire, et la puissance du royaume est représenté par un vice-roi, Philomé.

Malheureusement, aux pays on pense que toute cette histoire n’a vraiment servi à rien, car la péninsule est très pauvre. Ses sols sont infertiles, produisent très peu et le pays subit régulièrement des grosses catastrophes météorologiques. Il ne recèle non plus aucun métaux rares ou pierres précieuses.

Il faut donc continuer la conquête, surtout que de l’or a été retrouvé et on ne sait encore pas d’où il vient. Les rumeurs disent que toute la richesse se trouve dans le fameux empire du Léopard …

*****

Une colonie basée sur l’Amérique du sud, plein de parallèles avec notre monde, fantasy à poudre (Flintlock Fantasy), tout ces éléments donnent un contexte vraiment original pour de la fantasy. Et ça fait du bien.
Le fait que ça soit un one-shot plaira aussi sans doute à pas mal de monde.

On n’est pas non plus ici dans de la high fantasy classique. Pas de bons qui se battent contre les mauvais, pas d’happy ending. D’ailleurs si vous recherchez un livre ou les héros se battent contre les effets pervers de la colonisation, passez votre chemin, car c’est l’inverse ici.
Ça n’empêche pas d’en dénoncer les dérives, mais ce n’est juste pas le but du roman.

L’histoire est portée par de nombreux personnages en plus des deux cités dans le résumé, de l’indigène qui c’est engagée contre les siens à l’apprenti alchimiste de l’armée, en passant par un personnage de la famille royal qui débarque à la tête d’une compagnie de mercenaires.
Trahisons, complots, plein de choses se trament par derrière, tout ne sera pas de tout repos.

Le ton général est sombre, à la limite du désabusé. J’ai trouvé Cérès, le personnage principal, assez passive au final. Elle voit ce qui se passe, les indigènes réduits à l’esclavage, les abus des grands propriétaires terriens, mais ne lutte pas contre activement. Limite elle s’en lave les mains, ça n’est pas son problème et on sent bien qu’elle a baissé les bras sur ce sujet. Elle sait que c’est un combat perdu d’avance, et que tout ce que ça lui apportera si elle réagit sera des problèmes. Du coup elle laisse faire et elle a une vision très cynique de l’ensemble.

Philomé, le vice roi est vraiment son opposé. Très vif, à la limite de la naïveté en comparaison, il voit la ou il se trouve et met tout son cœur dans ce qu’il fait.
C’est vraiment un vice roi très étrange, car on a vraiment l’impression qu’il ne sert à rien, qu’il n’a pas de pouvoirs réels. En quelque sorte il n’est la que pour suivre les ordre de la couronne qui arrivent régulièrement par bateau.
On a une espèce de dichotomie entre ce « souverain » qui semble si bon, si gentil, qui veut faire le bien, et la noirceur de la situation qui ne va pas en s’améliorant.

Sur ce coté la j’avoue que j’ai aussi eu un petit problème de crédibilité. Au delà du personnage naïf et positif, j’ai trouvé qu’il lui manquait quand même une base de gouvernement. En effet on n’en parle tellement peu qu’on a l’impression qu’il est tout seul, qu’il n’y a aucun autre noble sur place, aucun conseillers, aucun entourage, ou même aucun serviteur, et que finalement son seul interlocuteur est l’armée.
L’ensemble m’a semblé un peu vide, j’aurais aimé un peut plus de descriptions de ce qu’il s’y passait en global.

En fait peut-être est-ce du au fait qu’il y a certains sujets qui sont abordés très en détails (je me serais vraiment passé des rêves érotiques de Cérès par exemple) alors que le reste est survolé. Ça manquait peut être un peu d’équilibre la dessus.

Dans le même ordre d’idée j’ai aussi trouvé que par mal de personnages secondaires étaient un peu trop figés. Ils n’évoluent pas, et ont des caractères un peu trop tranchés des fois.
D’un coté c’est bien parce qu’on n’a aucun problème à différencier les personnages, on ne peux pas dire qu’ils se ressemblent ou qu’on peut les confondre, un défaut assez fréquent dans les livres, mais malheureusement ça n’a pas vraiment fonctionné avec moi.

Sur un autre sujet c’est vrai que j’y ai vu quelques parallèles de surface avec Les mille Noms de Django Wexler (fantasy à poudre dans le même contexte colonial du coté de l’armée du colonisateur et contre les indigènes, magie indigène qu’un colon aimerait se procurer, personnage lesbienne haute placée dans l’armée, …) dans la première partie. Mais niveau ambiance, finalité, et types de personnages on est vraiment très différent donc ce parallèle a vite été effacé.

Pour en revenir au problème de rythme, après la lenteur du début du roman, la seconde moitié est un condensé d’action et de rebondissement, certains vraiment incroyables. Limite trop des fois, car tout se passe en même temps. Pas que ça soit trop compliqué, mais on a l’impression de ne plus pouvoir reprendre notre souffle car à chaque page il se passe un nouvel élément qui est souvent très dramatique d’ailleurs.

J’ai eu l’impression d’une accumulation toujours plus forte de drames les uns après les autres. Alors qu’on croyait avoir atteint le fond, on se trompait, et ce plusieurs fois à la suite.
Je pense que si à ce moment la on se sent attaché aux personnages, ça doit bien fonctionner. Mais la première longue partie m’avait fait prendre pas mal de recul vis à vis des personnages et du coup elle n’a pas eu l’impact que j’aurais voulu. En fait j’ai ressentit cette seconde moitié comme étant trop exagérés par moment, certains passage étant à la limite de la crédibilités à cause de ça.

Ça ne m’a pas empêcher de l’apprécier, d’un point de vue intellectuel, mais je n’étais pas aussi attachées émotionnellement que j’aurais voulu.

*****

J’espérais faire une chronique un peu nuancée, mais difficile quand on a un grand nombre de petits défauts à citer. On est obligé de s’y attarder et ça prend la plus grosse partie de la chronique.

Je le répète donc, on n’est pas sur un mauvais livre. On ne peux pas dire que je ne l’ai pas aimé, malgré un nombre importants de points successifs qui m’ont un peu refroidi et un mode de lecture qui n’a pas aidé. D’autant plus que j’ai l’impression que si je n’avais peu tant de temps pour y penser, je serais surement passé à coter de pas mal de ces points sans même les remarquer.

D’ailleurs je le recommanderais pour les gens cherchant autre chose que des longues séries car il est très agréable à lire et change de la fantasy médiévale, sans parler du fait qu’on est sur de la fantasy française.

11 commentaires sur “L’Empire du Léopard de Emmanuel Chastellière

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  1. Bonjour !

    Si je puis me permettre juste une petite remarque, il n’y a qu’un seul « vrai » rêve « érotique » et surtout je ne pense pas qu’il soit gratuit. En tout cas, il n’a pas pas été conçu pour ça. Je tenais à le préciser afin que les gens ne s’imaginent pas des choses. 🙂
    Pour le reste, merci pour votre lecture.

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    1. Disons que c’était une découverte abrupte avec le personnage, au tout début. Même si il sert à expliquer la relation entre les personnages, il était un peu trop « cru » à mon gout (mais c’est personnel).

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  2. Je reconnais que le début est très lent, mais j’ai jamais décroché bizarrement. Après tout est question de ressenti au niveau de l’attachement aux personnage, on en a déjà parlé sur discord, on a pas eu la même accroche (sans que ton ressenti soit moins valable que le mien 🙂 )

    J’ai acheté Les mille noms, au passage, encore des trucs a découvrir !

    Aimé par 1 personne

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